Scène féminine jazz scandinave

 

« Créer l'inattendu » est la devise de Jazz at Berlin Philharmonic, une série de concerts organisée et produite par le patron du label ACT Siggi Loch, qui a débutée en décembre 2012. Les artistes et les spectateurs qui ont assisté à l'édition de « Norwegian Woods » en mars 2014 ont connu une soirée mémorable. Siggi avait réuni la fine fleur du jazz norvégien en les associant à un artiste invité venant d'un registre musical différent.

 

 

 

C'est à Cuba que Lisa Ekdahl a trouvé les couleurs de son nouvel album, qui lui a pris 5 ans à écrire et enregistrer. Ce n'est qu'après sa tournée Européenne pour son album "Give me that slow knowing smile" (2009) que l'idée de ce nouvel opus a émergé. "Je ne voulais pas faire un CD "Cubain' ", dit Lisa. "En revanche, je voulais faire ressortir la chaleur, la joie et le rythme de vie cubaine que j'ai eu la chance de vivre.". La construction de cet album s'est fait dans deux endroits totalement différents : des sessions avec une bande de musiciens complète au légendaire "Atlantis" Studio à Stockholm et dans le studio personnel de Lisa, dans la cour de sa maison à Södermalm à Stockholm.

 

 

 

Rigmor Gustafsson n'aime rien de moins que de se reposer sur ses lauriers. Elle creuse, se remet en question et cherche des voies nouvelles. Dans son album précédent, c'était un quatuor à cordes qui lui donnait la réplique sur des compositions signées Mingus, Paul Simon, Burt Bacharach, Stevie Wonder, etc. Pour ce nouvel album, Rigmor a gardé l'ossature de son fidèle groupe de musiciens suédois, mais elle a souhaité également convier à ses côtés un ensemble symphonique d'une trentaine de musiciens, le Dalasinfoniettan, l'un des plus célèbres en Suède, familier avec de nombreux genres musicaux différents. Ainsi, Rigmor, productrice de cet album, exauce un vieux rêve et grave des titres aux arrangements gracieux et pleins de charme. Avec leurs orchestrations colorées, raffinées et opulentes, ces titres font par moment penser aux meilleurs moments de la carrière de Paul Anka, Tony Bennet, Burt Bacharach. Entre swing léger, bossa, soul, pop et jazz, tous les musiciens réunis pour ce projet font preuve d'une superbe créativité musicale. Les arrangements, originaux et vivifiants, évitent le côté larmoyant que les violons donnent parfois aux chanteuses lorsqu'ils les accompagnent. Ainsi, avec un naturel déconcertant, Rigmor Gustafsson chante comme si cela allait de soi, naturellement, avec sa joie rayonnante et communicative, dans la continuité d'une Joni Mitchell. Un album émouvant, une superbe réussite.

Si Hanna Paulsberg a choisi de nommer son groupe non pas quartet mais concept, c'est peut-être parce qu'il présente une unité, une cohérence immédiatement perceptible et qu'il n'entend pas se restreindre à la surface d'une musique simplement aimable. A même pas 30 ans, la saxophoniste norvégienne donne l'impression de rayonner d'une joie paisible sans avoir besoin d'écraser ses musiciens de sa sonorité alternativement robuste et caressante. On apprécie ici l'absence de détours et l'impact direct sur les sens, autant que le groove, solide et festif.

 

 

Silje Nergaard est une chanteuse norvégienne qui a déjà à son actif 13 albums enregistrés sous son nom. En 20 ans de carrière elle a su conquérir le public du jazz de son pays en en s'imposant dès l'âge de 16 ans comme une song writer de premier plan. Son album "At first light", à l'aube des années 2000 connait un énorme succès en atteignant la première place du top pop norvégien. Silje Nergaard s'est notamment produit et a enregistré avec Al Jarreau, Pat Metheny, Toots Thielemans, John Scofield et bien d'autres... Après une longue éclipse, elle revient au-devant de la scène avec "Chain of days" un album plein de charme ou blues, jazz, pop, country et folk norvégien coexistent pour le bonheur de tous. On notera la présence du chanteur Kurt Elling pour un très joli duo sur "The dance floor".

 

" On dit souvent que la mentalité des Canadiens et des Suédois est assez similaire. Nos pays ont le même type de climat et notre culture et nos émotions nous rapprochent, avec cette touche particulière de " mélancolie " propre à nos deux peuples " témoigne Ida Sand, avant de poursuivre : " Neil Young est Canadien ; il représente l'un des plus importants et influents auteurs-compositeurs de notre temps. Il a enrichit le monde de la musique en mettant des mots et des mélodies sur de nombreuses questions existentielles propres à la destinée humaine. Cela a été le moteur de ce projet : capturer la poésie et la mélancolie de ces chansons en essayant de garder intacte l'essence de la musique, tout en y appliquant ma touche personnelle. Bienvenue dans l'univers musical vibrant, puissant et épique de Neil Young ". L'association entre le folk-rocker canadien de légende et une chanteuse de jazz suédoise ne coule pas de source. Pourtant, avec sa voix mâtinée de soul et de blues - loin des clichés souvent associés aux chanteuses du Nord - et sa fréquentation intime de l'oeuvre de Young, Ida Sand interprète avec justesse, naturel, profondeur, décontraction et retenue les classiques du " Loner ".

 

La voix de Viktoria Tolstoy est intriguante, douce-amère et a un véritable pouvoir de mise en scène. Cela n'a rien d'étonnant pour la russosuédoise, qui admet "j'ai toujours été une énorme fan de cinéma". Et c'est pour cela que trois ans après l'enregistrement de "A Moment Of Now", elle se tourne vers la musique de film, nous faisant voyager à travers les époques, les réalisateurs, mais avant tout son propre univers cinématographique. Les références sont nombreuses : de "A Time Goes By" de Casablanca au "New World" de Björk tiré de Dancer In The Dark en passant par "Calling You" de Bagdad Café, la liste est longue. Charlie Chaplin, Seal ou Sarah McLachlan's sont autant d'artistes que Tolstoy aura repris en y apportant sa touche unique. Bien que fascinée par les grands orchestres de musiques de films hollywoodiens, elle décide ici d'enregistrer avec une guitare, une basse et une batterie. Avec l'apport du célèbre jazz-man suédois Nils Landgren (qui chante même avec elle pour "Love Song For A Vampire") en tant que producteur, Viktoria Tolstoy réalise son rêve et nous fait découvrir les films qui la passionnent et l'inspirent. Elle nous invite au cinéma, et c'est un honneur et un privilège d'accepter. L'album est produit par Nils Landgren que l'on retrouve sur plusieurs titres aux côtés d'Iiro Rantala. Inclus 1 titre bonus.